Recrutement

Inventer demain, autrement

8 décembre 2022

Dans un contexte en perpétuelle évolution, où « l’on veut aller toujours plus vite », il apparaît pourtant nécessaire de prendre le temps de se poser les bonnes questions sur nos pratiques et sur leur impact. Je me suis donc prêté à un petit exercice d’introspection, en me penchant sur mes démarches en matière d’approche candidat.

En tant que recruteur au sein d’un cabinet, mon objectif est de trouver les candidats qui répondent le mieux au besoin exprimé par mon client. Pour y parvenir, le bon vieux réflexe que j’ai à chaque début de mission est de diffuser une annonce et d’effectuer des recherches sur des bases de données afin d’avoir un vivier de profils à solliciter. C’est tellement rassurant quand je parviens rapidement à trouver le « CV idéal » … A quoi il ressemble me direz-vous ? A un document qui fait figurer un ensemble d’expériences et de compétences ; donc oui : ce n’est qu’un bout de papier au mieux, ce n’est pas très humain à ce stade.

La recherche par CV reste donc un usage très ancré et incontournable dans chaque process de recrutement. Toutefois, dans la pratique, nous sommes parfois confrontés à des recrutements plus complexes où nous avons le sentiment de tourner en rond sans parvenir à trouver ce que nous recherchons. Et dans ces moments-là, je me demande toujours si je ne suis pas passé à côté d’un bon profil… Pas forcément celui qui sur le papier semble le plus dans la cible, mais un profil plus « atypique » avec des compétences transférables et une réelle motivation qui en font un candidat avec du potentiel.

D’ailleurs, pour ces candidats atypiques je me dis souvent que le CV peut leur paraître clivant et en décalage avec leurs attentes car ils sont davantage portés sur le moment présent que sur le passé. Ils attendent ainsi du recruteur qu’il ne les évalue pas uniquement sur ce qui s’est fait AVANT (expériences professionnelles ou diplômes) mais plutôt sur ce qui peut advenir APRES (leurs aspirations et le potentiel qu’ils peuvent apporter). Or, il est généralement très difficile de le faire transparaître au travers d’un CV. N’est-ce pas là que se joue l’intérêt de mon métier ? Faire que l’impossible devienne réalité… faire un miracle finalement : la classe non ?!

Dans la continuité …

Avec la montée en flèche du digital, l’usage des réseaux sociaux professionnels tels que LinkedIn (qui est devenu incontournable) prend tout son sens et devient une alternative essentielle pour « se connecter » aux autres.

Ces outils présentent comme intérêt qu’il est possible d’y faire figurer davantage de choses, et d’avoir plus de liberté quant au contenu de son profil. Ainsi, la page d’une personne (quand elle est bien renseignée ^^) nous apprend beaucoup sur elle, sur ses attentes et sur ses affinités. Il est en effet possible, au travers de publications ou de la mise en avant de centres d’intérêts, de promouvoir ses centres d’intérêt notamment. S’ouvre alors à nous la possibilité de percevoir certains aspects que le CV ne nous permet pas d’entrevoir.

La limite de cette démarche reste que, là encore, c’est sur la base du passé que la sélection s’opère instinctivement et cela reste limitant. Les réflexes de sélections que nous avons lorsque nous travaillons sur un réseau social professionnel ressemblent beaucoup à notre manière d’exploiter des CV.

Quelles sont les alternatives possibles ?

« La qualité du présent, c’est l’ouverture vers l’avenir » explique Charles Pépin. Voici peut-être la réponse. N’est-ce pas ce que nous recherchons au fond lorsque nous rencontrons quelqu’un : le découvrir et le comprendre aujourd’hui (dans le présent) pour projeter la collaboration à venir (l’ouverture vers l’avenir) ? La motivation, l’envie d’apprendre, l’énergie, … autant de choses du présent qui sont indispensables et plus importants souvent que les compétences. Il n’est peut-être pas nécessaire de fouiller dans le passé.

Le CV génère des biais, alors pourquoi ne pas l’abolir ? ou en tous cas le regarder plus tard ? Ainsi la prise de contact est tout de suite plus fluide et transparente puisque la relation peut aller à l’essentiel. Cela permet davantage de possibilités et de proximité. Certains acteurs proposent des solutions qui ouvrent cette voie, peut être finiront-elles par se démocratiser davantage.

Une seule solution pour y parvenir : rencontrer des candidats différents, sans a priori. Pour imaginer des solutions différentes, nous devons accepter de rentrer en relation que ce soit par téléphone, visio ou physiquement. De notre point de vue, au-delà des outils, ce sont surtout nos postures et nos habitudes que nous devons bousculer en sortant de nos zones de confort. Car oui : le CV idéal sera toujours plus rassurant.

Pour conclure

C’est donc d’abord à nous recruteurs d’ouvrir la voie et d’être les acteurs de ce changement devenu nécessaire ; à nous de penser autrement ; à nous (également) d’accompagner nos interlocuteurs pour structurer l’ensemble de leur process de recrutement en intégrant ces possibilités. Au-delà de la sélection, il est en effet primordial de repenser les parcours d’intégration et de formation au poste pour les rendre plus robustes et également anticiper les besoins en recrutement pour permettre des temps de formation.

C’est une démarche progressive et passionnante, qui constitue l’une de mes plus vives motivations dans mon métier. Et oui, je vous l’avoue, il m’est déjà arrivé d’avoir eu le sentiment d’avoir permis un miracle 😉.

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