Qualite de Vie au Travail

Pour un télétravail plus écologique pour tous

6 avril 2021

Le télétravail une réalité (de façon complète ou hybride) pour plus de 51% des salariés dans le monde et beaucoup plus dans les pays les plus touchés par le COVID-19 (86% en France dont 41 % en télétravail complet). Le Dr Florence BENICHOUX, médecin et praticien des entreprises au sein de Better Human & Cie, vous partage sa vision sur le télétravail. Qu’avons nous appris depuis 1 an ?

De la science-fiction à la réalité

Avant il y avait des entreprises où le télétravail était interdit, mais la COVID-19 a fait de ce télétravail une obligation[1]. La période hors norme 2020/2021 a fait vivre le rêve pour certains et le cauchemar pour d’autres. Nous avons vu que c’est le travail qui a explosé dans ses 3 unités de lieu, de temps et d’action. Cela implique de repenser le travail. Un accord national interprofessionnel pour une mise en œuvre réussie du télétravail[2] a d’ailleurs été signé par les partenaires sociaux le 26 nov 2020.

Une envie pour tous, une réalité pour certains

Cette réalité dépend du secteur d’activité, mais l’aspiration est là, pour la grande majorité des salariés quel que soit le secteur d’activité. 9/10 disent qu’ils ne veulent pas revenir en arrière et qu’ils souhaiteraient garder la possibilité de télétravailler1. 55% souhaiteraient le faire 1, 2 ou 3 j/semaines. L’idéal pour eux serait de télétravailler les lundi et vendredi. Au total 64% désirerait plus de flexibilité.

En revanche, ce sont aussi ceux qui ont le plus télétravaillé qui veulent le plus retourner au bureau.

Les constats

Comme souvent tout dépend de la dose du télétravail (complet ou partiel) et du contexte (télétravail choisi ou subi).

Les points positifs de cette transformation du travail sont nombreux …

  • L’utilisation des outils digitaux (Zoom, Skype, teams, WebEx…) : des choses qui semblaient impossible à distance, comme la téléconsultation, ont explosé, Le fait que les réunions en visio débutent et finissent à l’heure, le fait que l’on doit parler moins vite et poser plus de questions pour capter tout le non-verbal, le besoin de faire des pauses, ….
  • Une formidable capacité d’adaptation : une autonomie avec plus de responsabilisation et une polyvalence plus importante, un accroissement de la performance pour le travail individuel, la flexibilité du travail (où et quand on veut) avec un meilleur équilibre des vies mais aussi un « droit à la déconnexion », les interrogations sur le « lien de subordination » d’un individu qui travaille chez lui.
  • Le fait de devoir plus « se soutenir » à distance et de « ne pas devoir être parfait »,
  • Une envie de campagne qui a revitalisé certains territoires.

Mais cela s’accompagne d’effets négatifs.

  • La fatigue et la surcharge mentale : les journées à rallonge, les réunions qui s’enchainent, le sentiment d’épuisement et d’usure numérique.
  • La détresse psychologique et Le sentiment d’isolement par la perte des liens : la perte du travail collectif, la perte de tout le « non-verbal », le manque de soutien de certains managers, qui ne savaient pas comment faire.
  • L’avachissement dû à la pérennisation de télétravail obligatoire[3] : dans la lutte entre la chemise et le jogging c’est ce dernier qui est en train de gagner, avec le fait de « se montrer » dans sa vie personnelle.

Au total 3 enseignements importants

  1. Une véritable liberté pour les salariés, à condition que cela soit sur la base du volontariat – Cette liberté doit être reliée avec du soutien à la fois des collègues et du manager. Le télétravail choisi est bénéfique pour la santé physique et mentale avec moins de déplacements et donc moins de fatigue dans les transports. A condition de faire des « pauses régulières » et de prendre l’habitude de bouger plus mais surtout aussi de dormir mieux pour réparer la surcharge cognitive. Le revers de la médaille est cette détresse psychologique engendrée par la solitude qui s’est vue de façon plus prononcée chez les jeunes, les femmes, les célibataires et les managers.
  1. Un gain de performance pour les entreprises, qui oblige à repenser un management plus humain – Plus de productivité des salariés et moins de m² de bureaux. Mais l’enjeu du travail collectif est à repenser avec un nouveau style de leadership à mettre en œuvre. Cette révolution managériale doit prôner plus la confiance que le contrôle.  Elle doit développer la considération, l’empathie, l’écoute, l’adaptabilité, la capacité à faire grandir et la reconnaissance. Elle implique de savoir s’occuper pas seulement d’une équipe mais des individus qui la compose.
  2. Une réduction des déplacements pour la planète, qui entre en phase avec les aspirations des salariés – Les salariés ont pris du recul et ont réfléchi pendant cette année 2020. Ils ont beaucoup démissionné. Ils ne veulent plus travailler dans des entreprises qui ne sont pas en phase avec leurs valeurs. Leurs exigences sont aussi fortes sur le sens du travail, la diversité que sur l’environnement.

Plus d’écologie pour tous … L’individu semble y avoir gagné en apparence, mais pour les entreprises, le « comment va t-on retravailler ensemble ? » est à réinventer et reste l’enjeu majeur des mois à venir.

[1] 2020 BCG/ The Network proprietary web survey and analysis. Decoding Global ways of working March 2021
[2] https://www.cadrescfdt.fr/sites/default/files/inline-files-two/ANI%20T%C3%A9l%C3%A9travail%20-%2026%2011%202020_non_sign%C3%A9.pdf
[3] Jean-Claude KAUFMANN dans « C’est fatigant la liberté » Ed de l’Observatoire 2021
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