Qualite de Vie au Travail

Oui, être bien dans son travail rend plus performant

7 mai 2019

Un sondage révèle que 66% des salariés français sont satisfaits de leur qualité de vie au travail. Pourtant les deux-tiers se disent potentiellement concernés par le burn-out et seuls 15% jugent que leur entreprise s’implique pour leur bien-être.

Prenant un appel téléphonique, Sophie Lepert baisse la voix. « Un collègue fait la sieste dans la quiet room (NDLR : la salle de repos), chuchote-t-elle en regagnant son bureau. Au Japon et en Allemagne, les salariés font la sieste car cela augmente la productivité. Chez nous, ce n’est pas mal vu ! »
Chez elle, c’est Agricool, une start-up agricole basée à Paris. Sophie Lepert vient d’arriver en tant qu’happiness manager (comprendre manager du bien-être). A 42 ans, cette ex-community manager, également auteure du cahier, « Heureuse dans mon job pour les Nuls » (Ed. First, 9,95€), officie en effet au service du bien-être de ses collègues depuis 2015.

Le bien-être au travail, c’est l’objet du sondage réalisé par l’institut BVA pour BPI group en février* auprès de plus de 1000 personnes. Selon le baromètre des salariés, 66% sont satisfaits de leur qualité de vie au travail.
Et pourtant, 38% ressentent souvent du stress au travail, un sur deux éprouve de la fatigue liée à « une surcharge de tâches multiples » et plus inquiétant, 63% se disent potentiellement concernés par l’épuisement professionnel ou burn-out.

Et  l’implication?

Seuls 15% constatent une implication de leur entreprise pour améliorer la qualité de vie au travail.

Cette « implication », Sophie Lepert, en est l’illustration, ou du moins son métier, celui d’happiness manager. Ses missions sont diverses : mettre en place des animations sur l’heure de la pause déjeuner, faire installer une souris ergonomique à une collègue, acheter un petit barbecue pour des moments conviviaux sur la terrasse de la boîte. « Il n’a pas de fiche de poste », précise l’intéressée qui travaille aussi aux ressources humaines.

« On est des facilitateurs, parfois des médiateurs, notre fonction première, c’est l’écoute », résume Sophie Lepert, qui préfère parler de « bien-être » plutôt que de « bonheur » au travail. La manager du bien-être reste lucide. « Nous ne sommes pas des magiciens, ni des GO du Club Med. Si dans la boîte le management est exécrable, nommer un happiness manager revient à mettre une rustine sur le Titanic », observe la quadragénaire.

Le Dr Florence Benichoux va plus loin, épinglant ce qu’elle nomme les « happy trucs » que sont les tables de ping-pong, massages, séances de méditation et autres ateliers de sophrologie. « C’est tellement facile pour une entreprise de mettre une corbeille de fruits et trois vélos mais cela ne résout pas la surcharge de travail, le stress et les problèmes de management », énumère la cofondatrice du cabinet Better Human qui a réalisé ces 10 dernières années quelque 250 diagnostics au sein d’entreprises sur la qualité de vie au travail.

Sur-engagés ou désengagés

« Les directions qui nous contactent se rendent compte que des salariés se sont désengagés de leur travail, ils viennent pour en faire le moins possible. D’autres, en revanche sont sur-engagés et risquent le burn-out. On voit de l’absentéisme chez les cadres, c’est nouveau et surtout cela a un coût réel », analyse le médecin, auteure de l’ouvrage « Et si on travaillait autrement ? » (Ed. Eyrolles 24€).

Pour convaincre les dirigeants, Better Human met en avant la santé des salariés mais aussi « le gisement de performance » que représente un employé bien dans son travail.
Parmi les actions du cabinet, on peut trouver la mise en place du télétravail, des formations adaptées pour les managers, passer au crible l’organisation du travail et ôter certaines tâches non essentielles.

« Il est aussi important de prendre des pauses. La première, c’est dormir : 30 à 40% des salariés que nous interrogeons ont des troubles du sommeil », constate le docteur.
La spécialiste conseille aussi de s’accorder des pauses « toutes les deux heures ».
Travailler moins ? « Pas forcément, répond Florence Bénichoux. Le travail, c’est la santé, c’est constructeur pour tout être humain. Mais on ne devrait pas travailler avec la même intensité à 30 ans et à 60 ans ! 35 heures pour tout le monde, c’est insensé. Il faudrait pouvoir adapter les horaires de travail aux différentes périodes de la vie », préconise la professionnelle.

Source : Article rédigé par Marjorie Corcier sur emploipro.fr
*Sondage réalisé du 6 au 10 février auprès d’un échantillon représentatif 1006 salariés âgés de 15 ans et plus.

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