Entreprise

Connexion, procédés, lobbys, vices et vertus

28 octobre 2019

« L’homme est un être sociable, la nature l’a fait pour vivre avec ses semblables. » Aristote

DU RÉSEAU

Pour exister, pour vivre, les hommes ont besoin d’échanger, de communiquer, de s’entraider.
La nécessité de se sentir connecté à un groupe d’appartenance est un besoin vital partagé par tous. Le pouvoir de connexion, au sens littéral, permet à une personne de gagner en influence en s’attirant les faveurs d’un individu puissant ou en liant connaissance avec lui. Ce pouvoir évoque donc la notion de « réseau » qui n’est d’ailleurs pas si contemporaine que cela, puisqu’apparue dès la structuration de la société humaine. Faut-il rappeler la puissance des réseaux corporatistes du moyen âge ?

Le réseau fonctionne en interactions sociales. Il doit être constamment en mouvement pour vivre et s’enrichir au gré des objectifs individuels et/ou collectifs.

Tolstoï dans Guerre et Paix précise bien que « plus l’homme est placé haut sur l’échelle sociale, plus le réseau de ses relations est étendu, plus il possède d’autorité sur les autres ». Le réseau implique donc également des notions de pouvoir et d’influence.

DE L’INFORMATION

« Celui qui détient l’information, détient le pouvoir », nous dicte l’adage. Car au-delà de la détenir, il est bien question ici de la diffuser : celui qui a le pouvoir n’est pas celui qui détient l’information mais plutôt celui qui la diffuse.

En entreprise, François Jeanne-Beylot, spécialiste en intelligence économique, explique que celui qui conserve jalousement l’information – dont celle de la mise en relation – s’enferme dans un pouvoir temporaire qui ne dure que le temps de son information, alors que celui qui diffuse la bonne information – tout en veillant à conserver toujours une information d’avance – bénéficiera d’un pouvoir plus pérenne.

DU PROCÉDÉ

Vous pouvez en effet être le maillon d’une chaîne solidaire, un trait d’union, une courroie de transmission essentielle au développement de votre réseau.
Vous pouvez user de ce pouvoir pour aider vos collaborateurs dans l’exercice de leurs fonctions, collaborer à la réflexion et à la formation de vos pairs, participer à des débats de sociétés, et par la même occasion nourrir vous-même votre réseau…

Les réseaux sont multiples et vecteurs de toutes formes de pensées et d’actions. Du réseau familial au réseau d’entreprise, associatif, d’ONG, de confrérie, politique, religieux, et aux réseaux intermédiaires de contre-pouvoirs, tous ont compris que « le pouvoir correspond à l’aptitude à agir de façon concertée », comme l’avait si bien exprimé Hannah Arendt.

C’est ainsi que toute entreprise s’inscrit dans un environnement en interaction avec l’extérieur. L’isolement d’un chef d’entreprise est exclu, il lui faut travailler son réseau pour réussir… Ce réseautage consiste à ouvrir son carnet d’adresses, à développer et entretenir des relations dans le but d’échanger des informations, des références, des coordonnées afin de faciliter la mise en relation. Ces nouveaux contacts doivent s’enrichir mutuellement du réseau de « l’autre » dans une logique de réciprocité.
« On ne peut devenir soi-même que sous l’influence des autres », explique Boris Cyrulnik.
La théorie des « six degrés de séparation » – réduite à cinq voire trois si vous êtes très bien connecté – établie par le Hongrois Frigyes Karinthy en 1929, le démontre bien. Les êtres sont connectés à un tel point que toute personne sur cette Terre pourrait être reliée à n’importe quelle autre, au travers d’une chaîne de relations individuelles comprenant aux plus six maillons.

Cependant, pour que le réseautage fonctionne, il faut réunir quelques conditions préalables :

  • Cibler le développement de son réseau en fonction d’objectifs précis.
  • Être sincère, vrai, authentique dans la relation.
  • Montrer un intérêt réel pour son interlocuteur.
  • Avoir toujours en tête « comment puis-je l’aider ? par quelle réciprocité ? ».
  • Ne pas négliger le suivi de ses rencontres
  • Renvoyer une image de fiabilité en tenant les engagements pris et transmettre rapidement l’information, le document, les coordonnées promis.
  • Savoir remercier le cas échéant et penser à informer d’une issue positive.
  • Entretenir et maintenir ses contacts (beaucoup de réseaux se délient par négligence de ce point essentiel).

DES LOBBYS

C’est la raison pour laquelle certains réseaux se transforment en groupes d’influences au niveau mondial. Citons par exemple le groupe Bilderberg, aussi appelé conférence de Bilderberg ou club Bilderberg. Ce groupe d’influence fut lancé en 1954 lors d’une conférence provoquée par le Prince Bernhard des Pays-Bas et David Rockefeller. Il réunit des personnalités du monde des affaires, de l’industrie, de l’armée, des médias et politique.
Chaque année, une conférence de quatre jours est organisée à huis clos, et un rapport de synthèse issu de ces quatre jours d’intenses discussions est alors remis aux décideurs mondiaux.

C’est une sorte d’orchestration de la mondialisation économique selon les conspirationnistes. Sa non-médiatisation et le caractère confidentiel du bilan des conférences suscitent en effet régulièrement des controverses et alimentent des théories du complot relatives à son influence.

L’existence même des lobbyings économiques démontre bien la nécessité de se connecter pour être plus forts ; 15 000 lobbyistes agiraient auprès de l’Union européenne…
« Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin ».

DE LA VERTU ET DU VICE

Plus qu’un pouvoir vis-à-vis d’autrui, il faut bien comprendre que le pouvoir de connexion peut aussi énormément vous apporter… personnellement !
Vous avez en effet le pouvoir d’ouvrir votre réseau, d’aider dans une démarche altruiste et sans calcul. Donner sans forcément attendre en retour peut aussi être une belle forme de satisfaction pour vous-même et probablement la meilleure façon de ne jamais être déçu. Pour autant que la démarche soit efficace…

Alors comment mesurer l’efficacité de votre réseau ?
L’efficacité de votre réseau est liée à votre connaissance des circuits de décision, à votre capacité à établir des relations au plus haut niveau, à vos apports d’expertises, à votre participation à des groupes de réflexion ou d’études, à votre capacité à organiser des conférences ou encore à votre force de proposition auprès des instances politiques.

Malheureusement, certains réseaux n’hésitent pas à manipuler et désinformer la population pour défendre des intérêts économiques, idéologiques, politiques…

Face à la prégnance des réseaux sociaux, le défi de ce siècle sera de lutter contre « l’Agnotologie » ou la science de l’ignorance. Désinformation, fake news et manipulations en tout genre gagnent du terrain et du temps de cerveaux connectés. Il est urgent d’éduquer et de former les plus jeunes afin qu’ils puissent discerner et déjouer toute tentative de désinformation ou manœuvre d’influence qui foisonnent sur les réseaux.

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